Vie des populations et radioprotection dans les territoires contaminés : quelques enseignements des accidents de Tchernobyl et de Fukushima

SCHNEIDER T.

RGN N° 6 2022 p. 42-45

Abstract

Les accidents de Tchernobyl et de Fukushima révèlent la complexité de la gestion à long terme de leurs conséquences : une contamination durable de l’environnement encore présente aujourd’hui, une perturbation durable de la vie économique et sociale, une préoccupation persistante sur les effets sanitaires potentiellement liés à l’exposition chronique des populations sur le long terme. On observe également des conséquences humaines et sociales très similaires : une perte de confiance dans les autorités et les experts, une forte préoccupation concernant la santé et plus particulièrement la santé des enfants, un sentiment de discrimination, d’exclusion et d’impuissance et une perte de contrôle sur la vie quotidienne et appréhension par rapport au futur. Les conditions pour autoriser les personnes à vivre de manière permanente en territoire affecté requièrent la caractérisation de la situation radiologique de l'environnement, des denrées alimentaires, des biens et des personnes, la mise en place de mécanismes pour l'implication des parties prenantes locales dans les processus de prise de décision, le développement d’un système de surveillance radiologique de l'environnement et de mesure des doses externes et internes individuelles ainsi que des mécanismes appropriés (par exemple, processus de co-expertise) pour renforcer l’autonomie des personnes affectées. Il est essentiel de préserver le droit fondamental des individus de décider de leur avenir. Les enjeux pour la gestion post-accidentelle portent sur la mise en place d’une approche globale de la santé et des enjeux socio-économiques et l’importance de la contribution des acteurs locaux à travers les actions d’auto-protection. Dans ce contexte, les experts doivent être au service des acteurs locaux pour faciliter le développement de leur capacité à évaluer et gérer leur propre situation. Il convient d’assurer le pluralisme des sources de mesures pour renforcer la confiance de la population dans les résultats. Il est également nécessaire de mobiliser des ressources nationales pour soutenir les projets des communautés et des producteurs locaux visant à améliorer leurs conditions de vie en tenant compte de la situation radiologique à court, moyen et long terme. La mise en place et le maintien de lieux de dialogue pour échanger les expériences, impliquer les parties prenantes et diffuser la culture pratique de radioprotection doivent également être prévus.

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