Conclusions et recommandations du 17ème workshop du Réseau ALARA Européen « ALARA dans les situations d’exposition d’urgence »

CROUAIL P. 

Journées ALARA – Congrès SFRP
Saint-Malo, 24-25 mai 2018

Résumé

Les situations d’exposition d’urgence peuvent résulter d’un accident nucléaire, d’un acte de malveillance, d’un attentat terroriste ou de tout événement radiologique imprévu. Ces événements requièrent une réponse immédiate (en phase d’urgence) puis nécessitent la mise en œuvre de contremesures de remédiation (pendant les phases de transition et long terme) pour d’une part, éviter l’apparition d’effets sanitaires déterministes et, d’autre part, réduire l’apparition des effets stochastiques dans la population exposée (intervenants d’urgence, travailleurs de la remédiation sur le site et hors du site accidenté, population vivant sur les territoires affectés). Selon les situations et les comportements individuels, leurs expositions potentielles varient dans un spectre très large (de quelques µSv à plusieurs dizaines de mSv/an) et elles sont souvent difficiles à anticiper et à évaluer, dans un environnement qui pourra s’avérer contaminé pendant plusieurs décennies.

Les recommandations de la CIPR (chapitre 6.2 de la Publication 103) et la directive européenne sur les normes de base en radioprotection (Directive 2013/59) soulignent pour gérer ces situations la nécessité d’appliquer le principe d’optimisation (ALARA). 

Le réseau ALARA Européen (EAN), et la plate-forme européenne NERIS (the European platform on preparedness for nuclear and radiological emergency response and recovery), ont examiné lors d’un séminaire conjoint à Lisbonne (Instituto Superior Técnico, Portugal, 15-17 May 2017) les difficultés posées par la mise en œuvre du principe d’optimisation en situation d’exposition d’urgence et post-accidentelle, notamment à la lumière du retour d’expérience de l’accident de Fukushima. La présentation résume les principales conclusions et recommandations faites à l’issue du séminaire EAN qui a rassemblé 60 participants de 17 pays. 

Les conclusions et recommandations complètes ont été publiées en anglais par Journal of Radiological Protection et sont disponibles en ligne.

On notera parmi celles-ci : 

  • Les fortes incertitudes inhérentes à la modélisation et l’utilisation de critères uniquement radiologiques pour gouverner les mesures prises en phase d’urgence (mise à l’abri, évacuation-éloignement, administration d’iode stable, restrictions alimentaires, etc.) peuvent conduire à un surdimensionnement de la réponse (effet stigmatisant du zonage) avec une anticipation et une prise en compte insuffisante d’autres conséquences (notamment sociales, économiques, ou éthiques).
  • La difficulté d’engager une démarche d’optimisation de la radioprotection en dessous des « niveaux de référence », approche graduée préconisée (CIPR, BSS) mais souvent complexe à mettre en oeuvre et difficile à appréhender pour les parties prenantes non spécialistes en radioprotection (interprétation des niveaux de référence comme des limites de danger, utilisation de critères dérivés majorant les expositions réelles, souhait d¹un retour rapide à la situation ante, etc.). 
  • Les progrès réalisés ces dernières années en matière d’outils de prédiction des impacts radio-écologiques et sanitaires, de mesure des expositions individuelles et de partage et information sur les résultats des mesures ainsi que les possibilités et le rôle renforcés des mesures collaboratives et citoyennes. 
  • Un engagement insuffisant des parties prenantes locales (élus, professionnels de la santé, de l’agriculture, de l¹alimentation, de l’éducation, des media, etc.) dans la préparation à la gestion des situations post-accidentelles qui doit être renforcé par le développement d’une culture de radioprotection, afin d’améliorer la connaissance des rôles et des capacités de chacun en phase d’urgence tout en anticipant ses conséquences à long terme.

 

[1] Les présentations du séminaire sont disponibles sur le site de la SFRP


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