Evaluation du détriment associé à l'exposition aux faibles doses et faibles débits de dose dans le système de radioprotection

VAILLANT L., SCHNEIDER T.

Environnement Risques Santé, Vol. 11, N° 2, 2012, pp. 149-159.

Résumé

La question de l’évaluation du risque associé à une exposition aux rayonnements ionisants est l’objet de questions récurrentes, qu’il s’agisse des expositions médicales, des rejets des installations nucléaires, du transport des déchets radioactifs ou encore des conséquences d’un accident nucléaire. Cet article vise à éclairer le lien entre l’exposition et le risque en discutant plus particulièrement les éléments qui sous-tendent la construction du détriment associé à une exposition aux rayonnements ionisants. La gestion du risque associé à une exposition aux rayonnements ionisants s’appuie sur l’hypothèse prudente d’une relation linéaire sans seuil entre l’exposition et le risque de décès ou détriment. Une telle relation a été retenue dès 1966 dans les Recommandations générales de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) mais ce n’est qu’en 1977 que la CIPR a publié une première quantification du risque. La Commission a introduit le concept de dose efficace comme indicateur de risque, ce qui lui a permis ensuite de déterminer des limites de dose en s’appuyant sur une comparaison entre les niveaux de risques observés dans des secteurs d’activité jugés sûrs et le détriment – proposant ainsi une rationalisation du choix des valeurs limites au regard du risque associé. En 1990, une révision tant de la construction que de la quantification du détriment a été proposée. De nouvelles limites ont été adoptées en s’appuyant à la fois sur la quantification du risque et sur l’introduction du principe de tolérabilité du risque. L’optimisation de la radioprotection, visant à maintenir lesexpositions aussi bas que raisonnablement possible compte tenu des considérations économiques et sociales, fait l’objet d’une attention particulière. L’utilisation du détriment permet alors d’avoir recours à des outils économiques d’aide à la décision dans le cadre de la démarche d’optimisation en s’appuyant sur une quantification de la valeur monétaire de la vie humaine. Il convient cependant de noter que ce concept de valeur monétaire de la vie humaine, largement utilisé dans le domaine de l’économie de la santé dans les années 1980, a fait l’objet de nombreuses critiques et doit être utilisé avec précaution. Les dernières évaluations du détriment ont été publiées par la CIPR en 2007. Le détriment est donc un indicateur qui rend compte pour un individu moyen du risque de décès associé à une exposition aux rayonnements ionisants. Sa construction repose sur certaines hypothèses simplificatrices nécessaires à la mise en œuvre d’un système robuste de radioprotection.